Qu’est-ce qu’un enfant sage ? Est-ce qu’il vaut mieux avoir un enfant sage, ou un enfant pas “sage” mais qui va bien et s’exprime ? Et comment sortir de ce piège enfant sage / enfant pas sage, de la pression, des injonctions extérieures, et l’aider à se construire par le respect plutôt que par le chantage ?
C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article.
Vos enfants ne sont pas seulement sages, ils existent !
Qu’est-ce que l’éducation , et plus largement, qu’est-ce que le sens de la vie et notre rapport à l’autre ? Il s’agit d’être en contact avec l’autre et, à travers cette relation, le faire évoluer et évoluer nous même, en faisant ressortir les caractères et les personnalités de chacun. Mais avant tout, dans toute relation, nous devons aimer l’autre.
Que veut-on dire par “enfant sage” ?
Un enfant qualifié de “sage”, ce serait
- un enfant d’humeur toujours égale ;
- qui ne pose aucun problème ;
- ni à la maison avec ses parents ou ses frères et sœurs ;
- ni à l’école avec ses professeurs et ses camarades de classe.
Quand on parle d’enfant sage, on a l’image d’un enfant poli, obéissant, et qui ne fait pas de bêtises. Un enfant qui ne ferait pas de colère quand son assiette préférée est remplacée par une autre, qui mangerait des légumes et de la soupe sans broncher, et irait se coucher sans protester…
Un enfant sage ou un enfant qui se sent bien ?
Cette équation est simple et s’applique bien quand on est parent. La relation à notre enfant, c’est l’aimer, l’aider, l’accompagner, lui donner les clés pour lui permettre de se construire.
En résumé, essayer de l’éduquer pour qu’il puisse s’épanouir, pour qu’il puisse être heureux dans sa vie d’enfant, et plus tard, dans sa vie d’adulte.
Un enfant sage plutôt qu’épanoui ?
Parfois, sans toujours en prendre conscience, il semble que nous poursuivions l’objectif d’avoir un “enfant sage”, plutôt qu’un enfant épanoui et heureux.
Par exemple, si quelqu’un arrive avec un enfant en bas âge dans un groupe d’adulte, on va bien regarder s’il reste sage, s’il “se tient tranquille”. Comme si ce critère était davantage une preuve de bonne éducation, de réussite du rôle de parent.
L’enfant pas « sage » réclame souvent l’attention
Un enfant qui va sans cesse réclamer l’attention de ses parents ou des autres personnes dans la pièce, en faisant du bruit avec des jouets, ou en criant, sera qualifié d’enfant “pas sage”. Alors qu’à cet instant précis, il a peut-être tout simplement besoin d’un peu d’attention.
Le comportement qu’il adopte au cours d’une soirée ne peut pas, à lui seul, définir le caractère sage ou pas sage d’un enfant.
Une injonction venue de l’extérieur… et de vous
Et avoir un enfant sage fait presque figure d’injonction. Une injonction qui vient d’abord de l’extérieur.
Souvent, si un enfant est en colère et le fait savoir en pleurant ou en criant, on peut entendre quelqu’un d’extérieur demander au parent ou à l’accompagnateur de le faire cesser, plutôt que de faire remarquer positivement qu’en réalité, cet enfant s’exprime.
Enfant pas sage : avant tout, il s’exprime
Nombreux sont les parents qui, alors que leur enfant faisait une colère dans un lieu public, ont entendu quelqu’un venir leur dire : “Eh bien, votre enfant n’est pas sage”.
Une phrase qui sous-entend la plupart du temps : “vous devriez réagir pour tenir votre enfant comme il faut”.
Et des clichés de cet acabit, il en existe beaucoup :
- “On leur passe tout” ;
- “Ce sont des enfants-rois qu’on ne peut pas contrôler” ;
- “Les enfants ne doivent pas commander les parents” ;
- et autres “Moi je saurais le calmer”…
Les enfants d’aujourd’hui sont-ils moins sages ?
On entend souvent que les enfants d’aujourd’hui sont plus durs que les générations d’il y a 20, 30, 40 ou 50 ans. Qu’ils ont la vie plus facile, qu’ils sont moins bien élevés, moins polis. En résumé, qu’ils sont moins sages.
Et les parents eux mêmes entrent dans ce jeu. Qui n’a jamais entendu, enfant, un parent dire : “Restez bien sages, restez bien tranquilles, ne réclamez pas, jouez en silence”.
Or, il faut savoir que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas moins sages que leurs aînés. Ils ne sont ni mal éduqués, ni méchants. Ce sont juste des enfants, qui vivent et existent comme des enfants.
Chantage et pressions ?
Le problème, c’est que l’enfant qui entend cette phrase entend qu’il n’aura de l’amour ou une récompense qu’en échange de quelque chose : en l’occurrence, un calme relatif, pas de crise de larmes, pas de colère, etc.
D’un point de vue éducatif, l’idée de vouloir garder les enfants “sages”, sans qu’ils ne fassent de vagues, n’est pas positive, et peut entraîner des conséquences.
Les moyens d’obtenir que l’enfant reste sage (et donc ce qu’on lui donne à voir) : il doit obéir à l’autorité, il peut y avoir chantage, pressions, punitions ou à l’inverse gratifications, ou bien humiliation. Et même des méthodes comme la fessée comme moyen de pression.
Ces choix d’éducation peuvent s’installer chez certains sur le long terme mais pour quel résultat ?
On sait maintenant que ce sont des méthodes qui ne fonctionnent pas sur le long terme, qui ne sont pas durables. Car si l’idée est de faire passer un message, d’éduquer votre enfant, quel message passe par la menace, le chantage, la pression ? Par le stress ? Certainement pas le bon.
Pourquoi un tel projet que celui que de maintenir son enfant sage, qu’il se tienne tranquille ? Pourtant, on veut que son enfant soit bien dans sa vie, qu’il grandisse heureux. On n’a pas pour projet de vie pour lui qu’il soit un “adulte sage”.
Mais c’est une chose qu’on lui demande très souvent. Peut-être est-ce parce que notre société n’entraîne pas la bienveillance, la mansuétude envers l’autre ? Et ces valeurs sont souvent défaillantes dans l’éducation de nos tout-petits. La société véhicule du stress, de l’angoisse, et une certaine idée qu’il “faut être comme ci ou comme ça”. Stress qui se répercute sur les parents, les parents eux-mêmes le répercutant sur leur(s) enfant(s).
Sans compter l’héritage personnel, les valeurs, les croyances, qui interfèrent dans la manière d’élever son enfant.
Par le respect avant tout
Comme nous l’avons dit, un parent a pour rôle d’aider son enfant, de lui donner des clés, de booster la confiance en lui, et par là même de lui permettre d’être heureux, d’être bien. En un mot, de se construire. Et c’est par son environnement familial, social, par le lien qu’il a avec les autres et l’image qu’ils lui renvoient qu’il y parviendra.
Pour se construire, il a besoin d’amour, d’estime de lui, de confiance en lui, de respect. Tout cela lui apportera la sécurité nécessaire pour apprendre et aller vers les autres. Les injonctions comme “Reste bien sage ! Reste tranquille”, ne sont pas des marques de respect.
Cette valeur, il la comprend et l’intègre quand il la voit appliquée. Et donc par le parent, son attitude et ses paroles. Le parent est son miroir, ce qu’il voit, ce qu’il va tenter de reproduire pour se construire. Le respect s’apprend aussi quand l’enfant est écouté, traité comme quelqu’un d’unique. Toutes ces choses permettent une bonne relation avec l’enfant.
Eduquer son enfant, ce n’est pas seulement lui apprendre la politesse et les “bonjour”, “merci”, “s’il vous plaît”. Il ne s’agit pas de ne pas lui transmettre ces mots, il s’agit de mieux les transmettre, de ne pas en faire des instruments de chantage qui seraient au cœur d’un projet de toujours rester sage et bien poli. Ni des instruments de pression.
Si vous voulez responsabiliser l’enfant durant son apprentissage, si vous le voyez tel qu’il est, à l’instant T, il ne va pas vous “chercher”, venir vous “agacer”, car il se sentira davantage en sécurité, accepté, en confiance.
C’est dans ces conditions qu’il commencera à prendre conscience qu’il n’est pas seul, qu’il y a un autre à respecter, et qu’il doit aussi se respecter lui-même. Et c’est dans votre lien de coopération et de respect qu’il découvre qu’il y a des limites à ne pas dépasser (les vôtres, les siennes).
Votre regard sur lui
En regardant votre enfant tel qu’il est, en le respectant dans ce qu’il est au moment présent, votre éducation deviendra progressivement bienveillante. Plus besoin d’avoir de simples enfants tranquilles et sages, vous aurez des enfants qui vivent et qui ne cherchent pas à vous provoquer.
Sortir de certains comportements réflexes
La semaine dernière lorsque je me promenais dans un parc, un enfant est tombé. Sa maman est allée le voir et lui a demandé comment il allait, contact que l’enfant a repoussé. Sa maman est partie en lui disant que s’il ne voulait pas d’aide, eh bien qu’elle partait. Et au final, quelques minutes plus tard, le petit est revenu, cherchant un contact physique, et sa maman lui a répondu : “Non, car quand je suis venu, tu ne voulais pas d’aide, donc maintenant, tu dois te débrouiller”.
Ce n’est pas simple à intégrer pour un parent, mais il faut sortir de ce genre de comportement, car l’enfant a simplement besoin d’un regard bienveillant porté sur lui pour pouvoir évoluer et grandir.
Et lui offrir ce regard sans condition, c’est lui donner une clé pour se sentir en confiance. De la même manière que vous avez posé vos yeux sur votre bébé pour la première fois après sa naissance, et où vous avez vu un bébé en vie, qui était à vos côtés. Vous ne l’avez pas jugé, mais accepté tel quel. Vous lui avez offert un amour inconditionnel.
Le besoin d’attention et d’un regard bienveillant
Si votre regard faiblit, si vous ne donnez plus autant d’attention, l’enfant va la provoquer. Comme cet enfant qui, à l’heure d’aller se coucher, réclame à se déguiser. Vous lui répondez peut-être qu’il fait un caprice, qu’il doit arrêter, qu’il doit rester sage et que vous le couchez car c’est l’heure. Il réclame en fait un regard bienveillant, un amour sans marque de chantage.
Votre relation à votre enfant peut se trouver assainie si vous pratiquez ce regard bienveillant et si vous ne laissez plus vos propres parasites entrer en jeu. Il faut identifier ces parasitages, qui peuvent vous rendre trop laxiste ou trop sévère avec lui, pour pouvoir les écarter au fur et à mesure. L’éducation de votre enfant gagnera en qualité.
Parents d’enfants et d’adolescents, vous souhaitez réinventer votre parentalité :
- Poser des limites avec respect ;
- Entendre les colères, les pleurs de vos enfants ;
- Les comprendre ;
- Favoriser la coopération et mieux communiquer.
Quels parasitages entrent en jeu ?
Le jugement et la comparaison
“Toujours en train de déranger ta soeur !”, “Tu es capricieux”. “Tu nous rends la vie difficile, pas comme ton frère au même âge”. La réalité est déformée, et l’enfant est désigné par sa différence, pas accepté comme il est. On ne l’écoute pas.
Les fausses demandes
“Reste tranquille, reste sage”. L’enfant n’est pas responsabilisé, il entend un chantage. Amour sous condition. Il va davantage essayer de vous obéir que de s’occuper de lui d’abord.
Vos propres parasites
Ce sont vos croyances, vos attentes, vos valeurs éducatives, vos propres manques. On peut regrouper le tout sous l’étiquette “Votre histoire, vos antécédents”. Autant de freins qu’il faut identifier et modérer.
La généralisation
“Les filles, ça pleure souvent”, “Les garçons, pas facile à éduquer”. Des généralités qui entretiennent vos peurs et vos croyances. Si vous vous basez sur ça, pas de changement possible car il faut d’abord que l’objet de la généralité change en premier.
L’environnement et les personnes extérieures ne connaissent pas les besoins de nos enfants et nous “poussent” indirectement à leurs poser des étiquettes par rapport à leurs comportements.
Conclusion
Être parent, ce n’est pas chose facile, et pour vous aider dans ce beau parcours, ayez toujours ceci en tête :
- Un enfant “têtu” est un enfant qui a besoin de se sentir compris ;
- Un “casse-cou” est un enfant qui a besoin de mouvement ;
- Un enfant “jaloux” est un enfant qui a besoin d’être rassuré ;
- Un enfant “sage” est un enfant qui a besoin de calme.
Patricia
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